18 novembre 2009
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Fabula de la sirena y los borrachos TODOS estos señores estaban dentro cuando ella entró completamente desnuda ellos habían bebido y comenzaron a escupirla ella no entendía nada recién salía del río era una sirena que se había extraviado los insultos corrían sobre su carne lisa la inmundicia cubrió sus pechos de oro ella no sabía llorar por eso no lloraba no sabía vestirse por eso no se vestía la tatuaron con cigarrillos y con corchos quemados y reían hasta caer al suelo de la taberna ella no hablaba porque no sabía hablar sus ojos eran color de amor distante sus brazos construidos de topacios gemelos sus labios se cortaron en la luz del coral y de pronto salió por esa puerta apenas entró al río quedó limpia relució como una piedra blanca en la lluvia y sin mirar atrás nadó de nuevo nadó hacia nunca más hacia morir. Pablo Neruda | Fable de la sirène et des ivrognes Tous ces messieurs étaient là-bas Lorsqu'elle entra complètement nue Ils avaient bu et commencèrent à lui cracher dessus Elle ne comprenait rien, elle sortait à peine du fleuve C'était une sirène qui s'était égarée Les insultes couraient sur sa chair lisse L'immondice couvrait ses seins d'or Elle ne savait pas pleurer c'est pourquoi elle ne pleurait pas Elle ne savait pas s'habiller c'est pourquoi elle ne s'habillait pas Ils la tatouèrent avec des cigarettes et des bouchons brûlés Et ils riaient jusqu'à tomber sur le sol de la taverne Elle ne parlait pas car elle ne savait pas parler Ses yeux étaient couleur d'amour lointain Ses bras bâtis de topazes jumeaux Ses lèvres se coupèrent dans la lumière du corail Et tout à coup elle sortit par cette porte À peine entra t-elle dans le fleuve qu'elle fut propre Elle resplendit comme une pierre blanche dans la pluie Et sans se retourner elle nagea à nouveau Elle nagea vers jamais plus vers la mort. |
Published by Astéroide JoelleB612